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Le Nom de Dieu

Le Nom de Dieu

Nous prions le « Notre Père » plusieurs fois par jour, c’est la prière donnée par le Fils  suivant laquelle, nous demandons : « que ton Nom soit sanctifié ». Le « Cantique des cantiques » de Salomon enseigne : « Plus que l’odeur de tes huiles les meilleures, ton Nom est une huile qui s’exhale ». (Ct 1, 3).
On ne peut parler de ce Nom que dans la prière et dans l’adoration au cours desquelles on peut en percevoir quelque peu, la beauté, la cohérence, le sens.

Il est bien entendu que le nom de Dieu n’est pas « Dieu », ni « Père » qui sont des noms communs.
Ce Nom était prononcé selon une tradition vivante une fois par an par le grand-prêtre dans le Saint des saints mais cette tradition a été perdue. Il en reste l’épellation, le  saint Tétragramme, fait de quatre lettres  qui ne font pas nombre mais qui ont du sens. C’est comme si ce nom était fait de quatre mots qui seraient Yod, Hé, Wav, Hé, l’épellation des quatre lettres hébraïques.


Ce Nom est une Révélation, il en est parlé dans toute l’Ecriture et il est possible d’en explorer le sens en épelant le saint Tétragramme.

 Vient d’abord la lettre yod,

la dixième lettre de l’alphabet hébraïque qui évoque la main : yad. La main réfère à l’image de la main humaine et à sa signification symbolique. Elle est la dixième de l’alphabet mais le comptage sacré, avec son décalage de trois, lui donne la valeur treize.  

Il faut regarder et comprendre ce que représentent la figure et le type de la main humaine pour trouver ce qu’elle pourrait signifier dans la divinité et en voir la ressemblance analogique. La main nous sert dans presque toutes nos actions. Cela nous conduit à considérer toute la gestuelle humaine comme un reflet mimétique des formes du monde puisque nous agissons avec les mains, au travail, à la maison, partout où nous sommes et que nous agissons pour transformer ce qui est : laver une assiette sale ou planter un clou. Avec la main, nous sommes à la racine analogique de l’acte. C’est une forme d’appropriation, comme une espèce d’appréhension ou de compréhension. L’analogie du vocabulaire est là pour le souligner. 

La première lettre du Nom de Dieu supporte analogiquement l’appréhension, la compréhension et l’action que l’on vient de citer. Quand nous parlons d’un agir divin, c’est lié à cela. Nous voyons d’abord cet agir sous l’espèce de la création à laquelle nous n’assistons pas, mais nous en voyons le résultat. En outre nous pouvons assister au gouvernement divin dans le monde. En effet, il y a un acte de création et un acte de gouvernement qui sont deux actes différents.
Il y a gouvernement dans le monde parce que tout n’est pas déterminé. En effet si le monde était un système déterministe, tout événement serait contenu dans sa cause.  

Or nous pouvons constater avec bonheur que tout ne répond pas à des lois dans le monde et qu’il existe du hasard, de l’aléatoire, du non-ordre, dans les événements qui adviennent. Cela porte à nous donner une capacité de gouvernement.
Gouverner, c’est utiliser les lois et l’aléatoire pour imposer une détermination qui ne se trouvait pas dans le monde.

Nous les hommes, pouvons-nous emparer de cette propriété du monde et gouverner quelque chose. Il n’y a qu’à voir, par exemple, le jardinier qui récolte beaucoup  parce qu’il ne laisse pas les graines tomber à terre. Il organise son travail, sème les graines et met un ordre dans la culture naturelle. L’homme ajoute aux données initiales du monde, un ordre local dans un petit domaine, un ordre qui n’y était pas. On peut penser aussi au bateau dirigé par le marin et non laissé à l’aléatoire des vents et des marées.

Gouverner, c’est avoir la volonté de mettre de l’ordre où il n’y n’en avait pas. C’est bien parce qu’il n’y avait pas d’ordre que nous pouvons en ajouter et gouverner. Un système politique qui n’aurait que des lois bien faites et irréformables ne permettrait aucun gouvernement.
Pour cela il faut la volonté de gouverner. La volonté ne relève ni de la loi ni de l’aléatoire mais de la liberté. Quelqu’un, en utilisant les lois, peut vouloir un ordre qui n’existe pas mais cette volonté n’est pas déterminée par les lois, elle y est conditionnée dans son application.

Nous pouvons constater qu’il y a aussi de l’aléatoire au niveau de notre esprit et qu’il faudrait y gouverner. Tous les actes qui requièrent de l’intelligence et qui se servent de l’aléatoire et des lois du monde s’appellent gouverner.
Si l’homme peut le faire, tous ceux qui sont munis d’intelligence et de volonté peuvent le faire d’où l’on peut déduire  qu’il y a au moins trois types de gouvernements dans le monde :

–              Le gouvernement des hommes, qu’ils apprennent avec leurs mains, car c’est elles qui prennent les graines et les sèment, qui passent à l’acte et agissent sur l’aléatoire du monde. Il y a de bons et de mauvais gouvernements. Un animal ne gouverne pas parce qu’il n’est pas capable de volonté. Il est lié à l’aléatoire et programmé par ses instincts, ses hormones, les odeurs ou un dressage.  

–              Le gouvernement des anges qui ont eux aussi une intelligence et une volonté. Comme nous savons qu’il y a des anges bons et des anges mauvais, nous sommes sûrs qu’il y a une guerre au niveau du gouvernement angélique.  

–              Le gouvernement de Dieu en qui on ne peut pas ne pas supposer intelligence et volonté. Nous voilà face à trois gouvernements possibles.

D’une certaine façon, les êtres intelligents et volontaires ne peuvent pas ne pas gouverner. C’est leur être propre de le faire. Il peut y avoir un conflit ou un accord, une harmonie ou la guerre, puisque les gouvernements peuvent s’accorder ou s’opposer entre eux.

Nous ne sommes pas uniquement des spectateurs mais des co-acteurs la plupart du temps dans un inconscient profond. Nous tombons en esclavage, mus par une volonté-intelligence autre que la nôtre, c’est d’ailleurs le propre de l’esclavage. Tant que l’homme n’est pas conscient de la présence des anges et des démons, il ne peut pratiquement qu’être esclave.
Le gouvernement des bons anges est a priori en harmonie avec le gouvernement divin et le gouvernement des démons est a priori contraire au gouvernement divin.

Le gouvernement de l’homme entre en conjonction avec les autres gouvernements et tant que l’homme ignore le gouvernement des anges, c’est une oie blanche qui se laisse manipuler. De la même façon, tant qu’il ignore qu’il y a le gouvernement de Dieu, il ne peut pas y accorder son propre gouvernement.

Cependant le gouvernement est l’usage de l’intelligence et de la volonté, donc les personnes munies de gouvernement, les hommes, les anges, et Dieu, ont cette faculté qui est le résultat de la création telle que Dieu l’a voulue.

S’il y a de l’aléatoire et de la loi dans le monde, c’est Dieu qui le veut dans son acte de création et s’il a voulu cette création ainsi, c’est qu’il veut aussi et en même temps, d’un seul acte, le gouvernement des anges et le gouvernement des hommes.

La première lettre du Nom de Dieu nous mène à des considérations capitales qui nous conduisent immédiatement à une certaine compréhension de la prière que le Fils nous propose de faire :

Notre Père …. que ta volonté soit faite
Il s’agit là du gouvernement divin, et de la compréhension profonde qu’il se pourrait qu’il y ait des conflits entre les gouvernements divin, angélique et humain. Nous demandons donc comme un bienfait que le gouvernement divin, qui est nécessairement le meilleur, puisse se réaliser.   Nous demandons que le gouvernement de Dieu inspire notre gouvernement de telle façon que sa volonté de bonté puisse être réalisée en nous. Nous remettons une part de notre gouvernement à Dieu puisque nous sommes dans l’incapacité de bien gouverner certaines choses.  

Que ta volonté soit faite (Mt 6, 10) signifie aussi : Donne-moi la force et l’intelligence pour que je puisse gouverner correctement.  L’intelligence veut que nous adhérions à ce qui est vrai.  C’est une insulte à Dieu de ne pas recevoir ses dons et de ne pas gouverner autant que nous le pouvons, selon l’intelligence, la justice, la bonté, la beauté.
Ce que je veux est-il cohérent, harmonieux avec la volonté de Dieu qui veut que je gouverne et ainsi que je lui ressemble ?

Le Nom de Dieu comporte ensuite la lettre Hé,

qui est la cinquième lettre de l’alphabet hébraïque et qui vaut huit (dans la numération sacrée). Ce Hé est la deuxième et la quatrième des lettres du Nom de Dieu et elle apparaît une fois après le Yod et une fois après le Wav.
Hé est la seule lettre de l’alphabet hébraïque qui n’a pas un sens énonçable. C’est un souffle délicat, C’est une image analogique de l’Esprit. 
Le Nom de Dieu nous dit qu’il y a un souffle en Dieu.

Le souffle est notre point d’appui analogique pour comprendre ce souffle en Dieu, la chose la plus subtile qui soit. Hé est un son primitif, une consonne qui est aussi une voyelle et qui va fournir l’image de ce qui est invisible mais audible.
Cela signifie que ce vent, le Hé, est à la naissance du son dont on ne connaît ni l’origine ni la fin mais qui est la matière pour signifier la source du sens. Il faut un souffle impalpable qui lui-même fait vibrer la gorge.
Hé : on appelle cette vibration une aspiration alors qu’elle est une expiration. Ce n’est pas un h aspiré, mais expiré, c’est un souffle forcément, il va vers l’extérieur. Le souffle se fait entendre et procure un son si on fait vibrer quelque chose dans la gorge.

C’est un modèle analogique du souffle divin, ce souffle en Dieu fait sonner quelque chose dans le monde. L’image du vent qui agite les branches est bien trouvée.  En Dieu ce souffle s’exprime analogiquement en faisant sonner autre chose que lui. C’est la création ! La création tout entière va sonner par le souffle divin. Il faut se mettre à l’écoute et dire que tout ce qui se prononce, qui se chante, qui s’entend dans le monde est le fruit de cette présence qui fait sonner les choses.

(Jn 3, 8) » Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. « 

Pour nous le souffle est indiscernable, il se rend discernable par une interaction avec autre chose.

Tout à coup il y a un bruit,  et c’est la création d’un contraste ; il est possible de produire des contrastes dans la création puisque sa structure est celle du contraste. La structure de la réalité créée est une structure quaternaire[1], comme la structure du contraste. L’analogie est facile.

La création supporte et s’exprime dans le contraste. Que va-t-il manifester en Dieu puisqu’il s’agit d’une manifestation de Dieu dans son Nom ? Le Nom de Dieu est pour nous, le nom est fait pour autrui, Dieu n’a pas de nom en lui-même. Le Nom de Dieu est fait pour qu’on puisse l’appeler, l’invoquer, le nommer.

Qui invoque le Nom du Seigneur sera sauvé (Rm 10, 13).

Le Hé est fait pour produire une manifestation divine. Nous devons remarquer l’aspect contrastant que peut avoir la présence du vent qu’on ne voit pas, comme la présence divine dans le monde.

YH. Ces deux premières lettres du Nom montrent qu’il y a en Dieu une puissance de gouvernement et une puissance de manifestation qui se fait connaître. Nous avons besoin de le connaître pour nous gouverner et entrer en accord avec lui. Nous savons par ailleurs que l’Esprit Saint est donateur de tout bien. C’est sous cet aspect de donateur de tout bien que nous pouvons attendre que le Saint Esprit se manifeste dans un certain contraste dans le gouvernement du monde.

Wav, est la lettre suivante,

la sixième lettre de l’alphabet, qui vaut neuf selon le comptage sacré.  La lettre Wav signifie le piquet, le piquet de tente que l’on plante en terre. Il est ce qui fixe provisoirement une tente amovible. On met et on enlève le piquet, cela montre la capacité à la stabilité dans le mouvement.  Il y a un choix, donc il y a du gouvernement dans l’air. C’est une capacité spéciale dans le mouvement de pouvoir s’arrêter où on veut et d’être stable à cet endroit-là ;   le Wav nous conduit vers cette idée analogique de maîtrise du mouvement.   

On sait que le mouvement de l’homme doit être gouverné s’il n’est pas limité par des éléments extérieurs. Le Wav suppose la capacité de bouger mais pas au gré de l’aléatoire ;  on peut arrêter le mouvement, ou le reproduire, ou le continuer et pour cela il faut la maîtrise de l’ago-antagonisme[2]. C’est une loi générale.

Il n’y aurait aucun gouvernement possible s’il n’y avait pas d’ago-antagonisme et il faut supposer un ago-antagonisme analogique en Dieu. Dans la Révélation, nous trouvons des concepts ou des notions ago-antagonistes que nous ne pouvons comprendre si nous ne les repérons pas comme tels. Un exemple est celui de la séparation de deux concepts unis quoique opposés, et qui vont toujours ensemble : les concepts d’intelligence et de sagesse.
Cela fera sans doute un jour l’objet d’un article développé.

En gros, ils sont pour nous comme la droite et la gauche. Une droite seule ne peut pas « prendre » grand-chose, une gauche seule non plus, mais réunies, elles permettent de soulever des choses  qui ne sont ni la droite  ni la gauche. Que permet de saisir la sagesse unie à l’intelligence en un rapport antagoniste ? Il sera bon de le montrer mais pour comprendre la suite il faut entendre que les deux concepts réunis permettent d’accéder à la connaissance.

(Dt 4, 6)  Gardez-les et mettez-les en pratique, (ces lois et ces coutumes) ainsi serez-vous sages et intelligents aux yeux des peuples. Quand ceux-ci auront connaissance de toutes ces lois, ils s’écrieront :  » Il n’y a qu’un peuple sage et intelligent, c’est cette grande nation !  »

Jésus nous dit d’être sage comme la colombe, et avisé comme le serpent. (Mt 10, 16). Nous retrouvons cette dualité, une opposition que nous ressentons plus ou moins, pour entrer dans le royaume des cieux. 

(Jn 17, 3) Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.  

Il faut faire cette saisie. Tout est ordonné à la connaissance du vrai Dieu. C’est donné au terme de l’acte qu’il a fallu poser dans un gouvernement libre, harmonieux avec le gouvernement divin qui nous est proposé dans la Révélation. 

Wav montre cette puissance d’opposition de la sagesse et de l’intelligence dans un acte libre, dans le mouvement qui permet sa réalisation. C’est cela le mouvement et l’arrêt.   C’est un acte, c’est la capacité d’agir. Sans ago-antagonisme, il n’y a pas de capacité d’agir.

De la même façon, au niveau de l’esprit il n’y pas de capacité de comprendre sans ago-antagonisme. Dieu se manifeste à ce niveau dans la sagesse et l’intelligence qui sont ses dons divins, et puisque le Wav fait partie de son nom, il existe en Dieu quelque chose d’analogue à ce mouvement qui permet la réalisation d’un acte libre.
La doctrine de la Sainte Trinité contient cela. C’est plus sensible, plus intelligible dans l’hypostase du Fils, laquelle correspond au Wav, qu’on plante en terre et qui convient pour signifier l’Incarnation.

Ensuite vient un deuxième Hé.

La justification en est l’ordre du nom YHWH. Un Hé suit le yod et un hé suit le wav. Peut-être y a-t-il une émission du souffle spécifiée par le yod et une émission du souffle spécifiée par le wav. Cela rejoint ce qui va être développé plus tard dans la doctrine : le Nom de Dieu est donné dès l’origine, la double procession du Saint Esprit qui procède du Père et du Fils.

    YHWH est le nom révélé à Moïse. Or Moïse est inspiré, il ne pouvait pas ne pas connaître la doctrine, non pas comme nous la connaissons aujourd’hui, mais la doctrine conservée, secrète, car trois fois sacrée. Si nous ne la comprenons pas nous tombons dans le trithéisme, ce qui est hélas arrivé.

Ce qui est aussi pris pour un blasphème suprême qui mérite la mort, c’est que Jésus a révélé la Sainte Trinité dans son enseignement. Ensuite il a fallu des siècles pour formuler le dogme mais il a été cru dès le début. De la même façon on croyait à l’Assomption depuis vingt siècles même si ce dogme n’avait pas été encore énoncé explicitement.
La Sainte Trinité est nommée dans l’Evangile : (Mt 28, 19) Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Jésus a pris le risque que le Nom de Dieu soit massivement blasphémé, or un homme ne peut pas prendre ce risque. Révéler une telle doctrine implique la divinité de celui qui la révèle. La doctrine était connue du temps de Jésus. C’était une science cachée et réservée aux maîtres d’Israël, qui, à force de la cacher, avaient fini par l’oublier. Cela arrive aussi aujourd’hui dans l’Eglise, par manque d’enseignement, et les fidèles finissent par ignorer complétement la doctrine de la Sainte Trinité. 

Si on a le respect du Nom de Dieu, il faut faire comme Jésus et le révéler au peuple quitte à ce qu’il fasse contre-sens sur contre-sens parce que si on n’enseigne pas, le contre-sens est majeur jusqu’à faire un monothéisme intellectuel idolâtrique et une unité à la Platon. Or Dieu n’est pas UN de cette façon-là.

S’il n’y a pas de différence en Dieu, il n’y a pas de Sainte Trinité. C’est à force de ne pas enseigner qu’on fait blasphémer Dieu. La doctrine est difficile, mais il faut l’enseigner, l’enjeu est colossal et terrifiant.

YHWH, ce Nom est trois fois Saint

Toute la doctrine de la Sainte Trinité est contenue en germe dans la signification du Nom que Dieu a révélé à Moïse.

Certains grammairiens ont écrit des pages et des pages sur les variations du verbe être ; c’est une invention des grammairiens, ce n’est pas dans l’Ecriture sainte. On parle aussi de la tradition « yahviste » et de la tradition « élohiste », mais  Il n’y a aucune concurrence entre le nom propre YHWH et le mot Elohim désignant la divinité.

Il faut regarder la signification d’Elohim :  c’est le nom de dieu désignant la divinité, un dieu avec d minuscule. Le pluriel est Elim qui désigne des êtres spirituels. Eloha, est un nom féminin peu employé et on peut copier maître Eckhart qui a traduit : « la déité ».

A ce nom féminin, on donne un pluriel masculin, c’est une procédure régulière en hébreu :  lorsqu’il y a un pluriel masculin d’un nom féminin, ou l’inverse, il s’agit d’une abstraction. Elohim est un nom abstrait qui voudrait dire formellement « les dieux » mais l’abstraction fait qu’on traduit : « la divinité ».

On en a pour preuve que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob dont le nom propre est YHWH, est nommé Dieu des dieux, Seigneur des seigneurs par l’Ecriture même. Cela signifie bien qu’il y a de nombreux dieux, ce qu’on appellerait aujourd’hui des puissances archétypales[3].  Quand on adore un faux dieu, on n’est pas détrompé. Un faux chèque ressemble à un chèque et un faux dieu ressemble à un dieu. Les démons ressemblent à des anges, sinon ils ne tromperaient personne.
Le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs est la divinité ultime.

On voit Elohim en tant que créateur sans connaître son nom, pour le savoir il faut une Révélation spéciale. La divinité crée non pas sous son nom propre, mais c’est sous son nom propre qu’elle se révèle à l’homme. La création précède logiquement la Révélation.  L’usage d’un nom propre intervient quand il y a l’induction d’une relation personnelle entre ce Dieu et son peuple.

(Lv 26, 12) : Je vivrai au milieu de vous, Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple.

Le créateur est anonyme, la création est sa signature. Son nom se révèle dans son gouvernement, un acte spécial dans la Révélation. Le fait de se révéler fait partie du gouvernement divin agissant quand il veut et comme il peut parce qu’il veut des hommes libres, aussi attend-il que le gouvernement de l’homme coïncide avec son désir pour se révéler.

Jésus dit à ses disciples : (Mt 6, 9) : Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié.
Dieu n’est-il pas Saint ?  Bien entendu, Dieu est saint mais il faut que son nom soit sanctifié parce qu’il pourrait être blasphémé. Le contraire du blasphème est la sanctification du Nom. Il faut que son Nom soit sanctifié par ceux qui le prononcent, dans leur cœur, dans leur intelligence.

Ecoutons le Sanctus,  le chant des séraphins, révélé par le prophète Isaïe : 

(Is 6, 3) Ils criaient l’un à l’autre ces paroles : Sanctus, sanctus, sanctus est  YHWH, sa gloire emplit toute la terre. Sanctus, Sanctus, Sanctus, Deus sabaot

C’est la Révélation de Dieu à Isaïe dans le Temple. Le latin ne traduit pas Deus sabaot : le Dieu des armées. Dieu est le Dieu des armées célestes qui sont assimilées aux anges.  Les armées sont la figure du désir, la figure de la conservation de l’acte de la vie. Dieu est Elohé sabaot.  

« Saint, Saint, Saint » si nous poursuivons en disant « le Seigneur », cela trahit le nom sacré de YHWH, divinité du désir intime de la Vie. La vie est intimement désir.

(Ap 22, 17) : Et que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie gratuitement.


[1] Cf. Structure de la connaissance JF Froger et Robert Lutz, Ed. desiris. 2003

[2] L’ago-antagonisme exige deux forces mesurées  contraires et égales, aussi les muscles se contractent et sont retenus tout à la fois. Chaque geste requiert ces deux forces pour arriver au résultat, comme de plier un bras ou de prendre un verre dans la main etc.   

[3] angéliques